On s’est dit qu’on avait envie d’aller camper. L’idée d’aller camper est toujours super enthousiasmante. Moi ça me fait ça. J’imagine le feu de camp, les jolies couvertures jetées négligemment sur les épaules, les grillades parfaites, les étoiles, les rires des enfants, les cheveux en bataille mais comme il faut et le mug de café le lendemain matin au réveil devant les restes du feu avec un sourire béat. En vrai, souvent c’est un poil différent. Même si attention, c’est vachement sympa. Mais ça ne se passe pas tout à fait comme ça.
Il nous a fallu trouver une destination. Moi j’avais envie d’embruns et de pas trop loin. Comme on est quand même du genre à faire cinq heures de caisse pour dormir une nuit sous la tente (faut rentabiliser la loc de la bagnole tu comprends), là on a mobilisé toute notre énergie pour ne pas se laisser embarquer par nous même dans un délire du genre « vas y trop bien on va dans le Maine ». Même si on en a très très envie d’aller dans le Maine. On s’est dit Montauk. Tout au bout de Long Island. Je sais pas pourquoi, j’ai même pas vu « Eternal Sunshine of the spotless mind ». Mais les bouts du bout moi ça me fait toujours rêver.
Tu sais que Brooklyn est sur une île, Montauk c’est le bled qui est à l’extrême Est de l’île, tout au bout d’une langue de terre qui s’enfonce dans l’océan. Au bout d’une heure de route, le temps était un peu breton. Ambiance ciel gris, quelques gouttes. On avait pris les maillots. Enfin, on avait pris les maillots des gosses.
Il y a un seul camping à cet endroit là, c’est le camping de Hither Hills State Park. C’est un camping dans un parc géré par l’Etat de New-York. Les emplacements sont situés juste derrière la dune. En gros tu plantes ta tente sur la plage. Alors dis comme ça c’est sympa sauf que bon, dormir sur la plage en vrai c’est pas hyper fun. Rapports aux embruns justement. Quand on est arrivé une espèce de brouillard épais était tombée, on voyait même pas l’eau. C’était un peu flippant en fait. Je voyais l’afturganga islandais de Vargas débouler sur nous (je viens juste de terminer le dernier Vargas… je t’ai parlé de ma copine libraire? C’est par là). Je te dis rien mais ça fait pas super envie l’afturganga.
On a déplié notre tente qui végétait depuis trois ans dans sa housse et fierté: il ne manquait rien. Même pas une sardine. On a pu confirmer deux points: notre tente elle est super et notre tente elle est super pour le plein été. On a gonflé nos deux matelas (dont un est percé mais ça les gosses ne le savent pas) et on a fait nos lits. Nous on a choisi le pas percé et les mômes l’autre.
L’afturganga était en train de nous envahir complètement alors on a décidé d’aller bouffer. Une copine nous avait parlé d’un resto « rigolo » elle m’avait dit dans son texto. C’était à côté du port de pêche et en effet, c’était rigolo. Sur la porte d’entrée du resto, y’avait un panneau avec marqué: « non autorisé aux enfants bruyants » (gloups) et « si vous ne savez pas gérer vos gosses, allez manger ailleurs » (re-gloups). Comme on aime le danger (et qu’on avait super faim) on y est allé quand même. Et comme on gère hyper bien nos gosses (celui qui moufte dors dehors capich?), tout s’est bien passé. Le lieu est effectivement assez surprenant, rempli d’animaux empaillés (on a mangé sous un bouquetin des neige ou un truc comme ça) et la bouffe est bonne.
Comme l’afturganga avait l’air d’être resté au camping on est allé voir les bateaux de pêche sous un ciel à peu près bleu. On était content mais les mômes eux voulaient se baigner… On leur avait pas encore dit. Ils avaient enfilé leurs maillots la veille, limite la ptiote avait dormi avec ses bouées. Avec toute la diplomatie dont je suis capable je leur ai expliqué que oui oui on allait aller sur la plage mais que peut-être si ça se trouve c’était pas complètement sûr et certain qu’ils puissent se baigner, rapport aux vagues, au froid et à l’afturganga… Ils n’étaient pas super ravis d’entendre ça, ils ont donc rétorqué que « moi froid jamais », que « les vagues j’adore » (mon trésor je te coupe là, mais la seule mer dans laquelle tu t’es baigné c’est la Méditerranée… alors en termes de vagues, je peux affirmer que t’y connais pas grand chose. Mais bon, c’est toi qui voit) et « l’afturtruc on s’en fout, on sait pas ce que c’est ». La ptiote, elle, répétait en boucle: « on va nazer maman? Avec mes bouées maman? ». Là j’ai failli m’énerver mais en fait je me suis dit que c’était le week-end et qu’il valait mieux que je me taise et que tant pis si mes gosses étaient bouchés.
On est donc allé sur la plage. Ils ont fait des châteaux de sable avec des douves, des tours à créneaux et des décorations en coquillages. Mais non, j’déconne! Ils ont balancé du sable partout, surtout dans mes yeux et ils ont chouiné parcequ’on pouvait pas « nazer » que c’était « nul pire que nul » et qu’on aurait mieux fait d’aller à la piscine.
On a décidé d’aller se coucher. On avait un poulet rôti, 3 chips et 4 tomates cerises pour le repas. On s’est gelé les miches devant la tente en regardant les autres qui eux avait un truc pour faire du feu et une airstream tout bien comme il faut. A neuf heures on était tous au pieu. A neuf heures douze quelqu’un ronflait à côté de moi. A dix heures on était trois sur notre matelas gonflable. Vers minuit je me suis dit que quand même les vagues ça faisait exactement le même son qu’une autoroute. A une heure je me suis demandée si les oiseaux ça dormait la nuit. A deux heures j’avais froid. A trois heures et dem j’avais renoncé pour toujours à m’endormir. A quatre heures je me suis jurée à moi même de ne plus jamais faire de camping. A cinq heures on était quatre sur le matelas. A cinq heures dix, j’avais réussi à en virer deux. A six heures les gosses ont décidé qu’on se levait. Ils ont mis la tête dehors et se sont dit que c’était quand même super glauque toutes ces mouettes dans ce brouillard et sont revenus se coucher.
Quand on s’est levé on avait pris dix ans.
Après un cool ptit dèj (on méritait), on a plié et on s’est tiré tout au bout du bout, là où il y a le phare. L’afturganga ne nous avait pas suivi, le sourire était revenu, on parlait déjà de notre prochaine destination camping. On a passé la journée sur la plage, les mômes ont trouvé des trésors. On a ramené des carapaces de crabes (le bébé et la maman), des coquillages très très rares, et des cailloux parce que la pitchoun avait pas compris qu’à la plage le truc cool c’était les coquillages. On a laissé la tête de poisson desséchée.
On est bien content de notre week-end, on s’est dit que quand même on devrait faire ça plus souvent (en faisant la liste de tout ce qu’il nous fallait pour vraiment être bien en camping: un réchaud, des chaises pliantes, des duvets, un barbuc portable… et un van donc pour transporter tout ça) et moi je file me mater « Eternal sunshine… »
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Pour ceux qui veulent, les infos du camping c’est là: Hither Hill State Park et le restau avec les bestioles empaillées c’est là.
Je suis fan de cet endroit et de tes photos
Merci poulette! Et c’est vrai que c’est assez surprenant comme coin!
Aahahah comme tu m’as fait marrer! La nuit de folie! Je crois que nous avons à peu près le même humour et surtout le même positivisme!
Sophia
En camping t’es obligée d’avoir de l’humour!
Mais on dirait que vous avez evités les moustiques !!! Il parait que l’été c’est terribbblllee!!!
On pouvait pas non plus tout prendre. On en laisse pour les autres.
J adore ! Je vais faire lire a mon homme qui veut nous trainer en camping… je vois bien la scene avec le fog, l humidité, les loulous sur le matelas toussa tiussa … au dela de ca ca avait vraiment l air top !
Ton grand, la pOse totalement décontractée . J’adore !
C’est drôle , il y 4 ou 5 ans j’avais lu dans Vogue , français ou USA, un article sur Montauk, ça m’avait vraiment donné envie d’y aller … Et bien merci car ça m’a totalement passé après ton post!
Sans regret Miami me voilââââ !
Hihi hihi super l’écriture et les photos bravo j’ai adoré!
Vous êtes vraiment des poissards
T’es con. Faut jamais croire Elle. Tu devrais le savoir.
Ceci dit j’adore Montauk moi! Et on n’est pas du tout poissard, on n’a pas croisé un seul moustique. Si ça c’est pas une preuve!
(Et merci beauté fatale)
Et sinon, j’ose te piquer la photo du panneau de la porte? Je l’aime (et je veux le même pour chez moi) Ton article m’a bien fait marrer, par ailleurs. Personnellement, la seule fois où j’avais entendu parler de Montauk, c’était dans Friends, quand ils se retrouvent coincés dans une maison pleine de sable parce qu’il fait mauvais dehors. Ça + ça = on va peut être tenter la Floride, hein. Oui.
Amy, de http://www.foodetcaetera.com
Haha! Oui ose! J’adorerai pouvoir accrocher ça sur ma porte d’entrée aussi! (mais j’ai peur de manquer de crédibilité). Sinon, tu viens de débouler à NY ou bien j’ai rien compris? Ou bien j’ai rien compris (ce qui est possible). Et sinon la Floride, non. Trop de crocos ;)
Mdrrr ! merci Louise pour ce moment de pure détente derriere mon écran au travail ! <3
Une petite pause ne nuit pas ;) bisou Ana!
j’adore le ton !
;)